Ce médicament de la famille des anti-inflammatoires stéroïdiens, ancien et peu coûteux, est le premier à démontrer un effet bénéfique en termes de mortalité dans le traitement du Covid-19.
Peu après la publication, fin juin, des premiers résultats de la dexaméthasone, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelait à en augmenter la production mondiale. De son côté, l’autorité sanitaire américaine (FDA) vient de l’inscrire sur la liste des substances qui peuvent être fabriquées comme des préparations magistrales pour les cas où des hôpitaux en manqueraient. Quelle est donc cette molécule dont on semble attendre un grand usage dans le traitement du Covid-19 ?
Commercialisée en France sous divers noms de marque, Dectancyl notamment, la dexaméthasone est un corticoïde de synthèse. Elle possède une activité anti-inflammatoire et, à forte doses, elle module la réponse immunitaire. Déjà indiquée dans des dizaines de pathologies, allant des atteintes oculaires au rhumatisme inflammatoire, la dexaméthasone a trouvé un nouvel usage contre le Covid-19, à la suite de la publication des résultats d’un essai mené au Royaume-Uni(1).
Baptisé Recovery (c’est-à-dire « guérison » !), cet essai clinique a comparé chez plus de 6 000 personnes hospitalisées à cause du Covid-19 les effets de l’ajout de dexaméthasone aux soins courants. La molécule a réduit la mortalité d’un tiers chez les malades qui étaient sous ventilation artificielle (respirateur) et d’un cinquième chez ceux qui recevait de l’oxygène avec un simple masque. En revanche, chez les patients hospitalisés qui n’étaient pas sous oxygène, la survie n’a pas été améliorée. Chez ces malades moins gravement touchés, la prise de ce médicament pourrait même présenter plus de danger que d’utilité.
Jusqu’à présent, très peu de médicaments ont fait la preuve de leur efficacité comme traitement des formes graves du Covid-19. L’hydroxychloroquine n’a toujours pas apporté de résultats d’études rigoureuses en faveur de son efficacité. L’association d’antiviraux lopinavir-ritonavir, un traitement des infections par le VIH, a été écartée de la stratégie de traitement du Covid-19 pour son absence de bénéfice. Quant au remdésivir, autorisé à titre conditionnel au niveau européen, il semble réduire la durée d’hospitalisation de 4 jours environ, sans effet probant sur la mortalité.
Cet essai sur la dexaméthasone apporte une pierre importante au socle des traitements du Covid-19, qui continue de se propager dans le monde. Idéalement, il faudrait toutefois que ses résultats soient publiés dans une revue avec comité de lecture, car ils ne sont pour l’instant disponibles que sous forme préliminaire. Il faudrait aussi qu’ils soient validés par un second essai conduit par une autre équipe de recherche. Néanmoins, cela permet de mieux cerner l’intérêt de la dexaméthasone qui était déjà utilisée de façon empirique dans les hôpitaux, et d’en préciser les modalités d’emploi (dose, durée, stade de la maladie). Pour l’heure, elle est réservée à un usage hospitalier et aux cas graves qui requièrent de l’oxygène.
#christophemirgaux
(1) Effect of Dexamethasone in Hospitalized Patients with Covid-19 : Preliminary Report, MedRxiv, 22/06/2020.
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